PROTECTION OU SURVEILLANCE
Où se situe la frontière ?
La cybersurveillance c’est quoi ?
La surveillance en ligne (ou cybersurveillance) désigne l’ensemble des techniques permettant de surveiller et d’analyser les activités en ligne des individus. Elle est mise en place par les gouvernements, les entreprises ou d’autres organisations pour diverses raisons.
Cette cybersurveillance repose sur plusieurs outils et méthodes comme l’interception des communications, l’analyse des métadonnées, le suivi des comportements sur les réseaux sociaux ou encore l’usage de logiciels espions. Si elle peut être un atout en matière de sécurité nationale et de lutte contre la cybercriminalité, elle soulève aussi des questions éthiques, notamment en ce qui concerne le respect de la vie privée et des libertés individuelles.
Le cadre légal de la cybersurveillance varie selon les pays. Certains encadrent strictement la collecte de données pour protéger la vie privée, tandis que d’autres l’exploitent pour limiter la liberté d’expression et surveiller leurs citoyens.
Les 5 pays où Internet est le plus surveillé par le gouvernement
- Chine : grâce à son « Grand Firewall », le gouvernement bloque des plateformes comme Google, Facebook et YouTube, tout en surveillant activement les communications pour limiter la dissidence.
- Érythrée : l’accès à Internet y est extrêmement restreint et coûteux, avec une censure totale des médias indépendants et des réseaux sociaux.
- Iran : sous couvert de protection morale et sécuritaire, de nombreux sites et réseaux sociaux sont bloqués, et toute critique envers le régime est sévèrement réprimée.
- Corée du Nord : l’accès à Internet est réservé à une élite, tandis que la population doit se contenter d’un intranet contrôlé par l’État, où toute information étrangère est filtrée.
- Arabie Saoudite : le gouvernement bloque les contenus jugés immoraux ou critiques envers le régime et surveille de près l’activité en ligne des citoyens.
Ces exemples montrent les risques d’une cybersurveillance excessive : sous prétexte de sécurité nationale, elle peut devenir un outil de répression, réduisant l’accès à l’information, la liberté d’expression et la vie privée.
LA Cybersurveillance en chiffres
et cas récents
86 %
des français
se sentent observés lorsqu’ils naviguent sur Internet
15
familles françaises
ont assigné TikTok en justice
l’acussant de ne pas avoir modéré les contenus diffusés sur sa plateforme
5 629
violations de données personnelles
ont été recensées par la CNIL, en 2024.
AFFAIRES MARQUANTES
Le scandale Cambridge Analytica
En 2018, il a été révélé que la société britannique Cambridge Analytica avait utilisé les données personnelles de plus de 87 millions d’utilisateurs de Facebook sans leur consentement pour influencer des élections politiques, notamment lors de la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016. Ce cas a mis en lumière la manière dont les plateformes sociales peuvent exploiter les données personnelles à des fins politiques.
L’affaire Pegasus
En 2021, une enquête internationale a révélé l’utilisation du logiciel espion Pegasus, développé par la société israélienne NSO Group, pour surveiller des journalistes, des militants des droits humains et des chefs d’État. Ce logiciel permettait d’infiltrer discrètement les smartphones, accédant aux messages, aux appels et même à la caméra des victimes. L’affaire a provoqué un scandale mondial, soulevant des inquiétudes sur l’usage des technologies de surveillance à des fins d’espionnage et de répression politique.
Les raisons légitimes de la surveillance
La cybersurveillance est mise en place pour répondre à des enjeux essentiels liés à la sécurité et à la protection des individus dans le monde numérique. Elle vise notamment :
- Lutte contre la cybercriminalité: Les autorités utilisent la cybersurveillance pour prévenir et combattre les activités criminelles en ligne, protégeant ainsi les citoyens et les infrastructures numériques.
- Protection des utilisateurs
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- Modération des contenus nuisibles : Surveiller et supprimer les contenus préjudiciables ou illégaux sur les plateformes en ligne pour assurer un environnement sûr.
- Blocage des sites illégaux : Empêcher l’accès à des sites web diffusant des activités illégales ou dangereuses.
- Protection des enfants en ligne : Mettre en œuvre des mesures pour protéger les mineurs des dangers du web, tels que l’exploitation et l’exposition à des contenus
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- Sécurisation des données personnelles : Mettre en place des réglementations, comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD) en Europe, pour encadrer la collecte, le stockage et l’utilisation des données personnelles, garantissant ainsi la vie privée des individus.
Les dérives de la cybersurveillance
La cybersurveillance, initialement instaurée pour des raisons de sécurité et de protection, peut également donner lieu à diverses dérives. Ces dérives se manifestent notamment par :
- L’utilisation de la cybersurveillance à des fins de censure étatique : Des pays comme la Chine, l’Iran et la Corée du Nord exploitent la cybersurveillance pour restreindre les libertés individuelles et contrôler l’accès à l’information. Par exemple, la Chine a mis en place un « Grand Firewall » pour bloquer l’accès à des sites étrangers et surveiller les communications en ligne, tandis que la Corée du Nord interdit l’utilisation de téléphones étrangers et limite l’accès à Internet pour empêcher les citoyens de communiquer avec l’extérieur.
- La mise en œuvre de programmes de surveillance de masse : Les révélations d’Edward Snowden ont mis en lumière les vastes programmes de surveillance menés par des agences comme la NSA, qui interceptaient les communications électroniques à l’échelle mondiale sans mandat spécifique. Une cour d’appel américaine a par la suite jugé illégale cette surveillance de masse.
- La collecte et l’exploitation des données par des entreprises privées : Les géants technologiques collectent massivement les données des utilisateurs, souvent sans leur consentement éclairé, pour les exploiter à des fins commerciales, comme la publicité ciblée. Cette pratique soulève des questions éthiques et de respect de la vie privée.
Le cas Tiktok
TikTok, propriété de la société chinoise ByteDance, est au centre des préoccupations internationales concernant la confidentialité des données et la surveillance en ligne. L’application collecte une vaste quantité de données personnelles, telles que les informations de géolocalisation, les habitudes de navigation et les interactions des utilisateurs, afin d’alimenter son algorithme et de personnaliser le contenu. Cette collecte massive suscite des inquiétudes sur l’accès potentiel du gouvernement chinois aux données des utilisateurs à travers le monde.
Sous l’administration de Donald Trump, des inquiétudes liées à la sécurité nationale ont conduit à des discussions sur l’interdiction de TikTok aux États-Unis. L’application était suspectée de collecter des données personnelles et de les transmettre potentiellement au Parti communiste chinois. En réponse à ces accusations, TikTok a entrepris des actions pour rassurer ses utilisateurs, telles que le stockage des données des utilisateurs américains sur des serveurs basés aux États-Unis et en Europe, ainsi que la réalisation d’audits externes.
Ce cas soulève des questions cruciales sur la régulation des données personnelles et les pratiques de surveillance dans les applications sociales à l’échelle mondiale.